
Le
lancement du dernier bébé du géant de Seattle, Microsoft, a donné
lieu à une première. En effet, pour la première fois, le lancement
d’un produit (en l’occurence Windows 2000) a été retransmis en direct
à la télé avec l’apport médiatique de plusieurs très hautes personnalités.
On nous apprend en même temps que Windows 2000 n’est même pas adressé
au grand public et pire encore, il n’est point mentionné que la
version de Grand-Baie, c’est à dire la version GOLD (le produit
fini), contient près de 63,000 bogues. Oui! il y a bien trois zéros
après le 63. Vous vous imaginez achetant une voiture avec 63,000
défauts! Le Service Pack1 permier du nom est déjà en
cours de préparation et je suis absolument sûr que la MBC ne retransmettra
pas son lancement. Dois-je rappeler que Windows NT4, le prédecesseur
de Windows 2000 compte déjà 6 service packs à son
actif! Dire du lancement d’un Windows 2000 et de la retransmission
en direct de Bill Gates qu’ils constituent un des plus importants
évènements de la technologie informatique dans l’île relève quand
même du léger. Je ne peux que souhaiter bonne chance au premier
ministre quand il déclare vouloir faire de l’informatique ce que
nous avons fait avec le sucre, le textile et le tourisme. Je vous
convie de ce pas à lire les éditoriaux de janvier et de février
2000 de l’excellent magazine informatique indien PC Quest.
L’analyse très critique faite par Krishna Kumar à l’égard de l’industrie
informatique indienne servira peut-être à éclairer les lanternes
de nos décideurs. Car ce n’est sûrement pas en brossant les souliers
de M. Bill que nous deviendront un "global player"
en informatique et encore moins en passant une demi-douzaine
de lois pour lui plaire.
En
parlant de magazine, quelqu’un pourrait-il me dire dire ce qu’il
est advenu de Click!, troisième magazine mauricien consacré à l’informatique
après Gigabyte et What’s On? Ce que je craignais de voir m’apparut
en dirigeant mon curseur sur dont la vie semble s’arrêter il y a
4 mois maintenant. Ce magazine a-t-il vraiment disparu? La traversée
du desert pour la culture informatique mauricienne se poursuivra-t-elle
encore longtemps? Au risque de déplaire, je m’avance à dire qu’il
n’y a tout simplement pas de culture informatique mauricienne. Une
preuve? Nommez moi un site mauricien dédié à l’informatique et qui
soit tenu par un particulier ou par un groupe d’individus à but
non lucratif. Un rapide coup d’oeil vers www.servihoo.com ne revèle
absolument rien mis à part les 3 pages de compagnies informatiques.
L’autre
information de la semaine à retenir fut la distribution d’ordinateurs
à des collèges. Ce n’est certainement pas en distribuant 800 ordinateurs
(qui seront obsolètes ou cassés dans un an) ou en installant l’internet
dans toutes les institutions éducatifs que nous y arriveront. Ces
24 millions de roupies là (à quelques millions près) auraient pu
servir à propager la culture informatique autrement. Prenons comme
exemple Singapour où culture informatique n’est pas expression
vaine: on y mange informatique, on y apprend informatique et on
y vit informatique. On ne peut plus, içi, parler de banalisation
car on ne banalise pas un style de vie, on banalise un outil et
l’informatique n’est plus un outil une fois qu’il a englobé la communication
- on reparlera d’internet plus bas. La culture informatique doit
s’apprendre très tôt depuis la maternelle avec l’aide des parents,
je parle içi de "devoir" étant persuadé de la menace qui
pèsera à l’avenir sur une société mauricienne dôtée des outils de
l’information mais dépourvue de toute culture informatique basique.
Car on parle bien içi d’information...
Ce
qui me ramène vers l’internet.... Le lancement de Windows 2000 arrive
avec quelques jours de retard sur la fameuse attaque de hackers
sur certains sites de renom - amazon.com, yahoo.com, ebay.com, zdnet.com,cnn.com
pour ne citer qu’eux. Cette attaque selon certains ont fait perdre
près de 6 milliards de dollars en quelques heures fragilisant du
coup les cours de titres des nouvelles technologies de l’information,
moteurs de l’économie au pays de l’oncle Sam. En quelques mots,
cette attaque - un DOS (pas MS mais Denial Of Service - refus
de servir)- a été l’oeuvre d’une poignée de personnes qui ont littéralement
asphyxié ces sites avec des demandes de service (ce qui arrive quand
vous cliquez sur un lien hypertextem par exemple), privant du coup
les réels demandeurs comme vous et moi, de service. Ces attaques
ont donné des sueurs froides à bien des administrateurs de réseaux
pour qui le bogue du millénaire est arrivé avec 45 jours de retard.
Et ce n’était peut-être là qu’un échauffement!! Pour ceux qui ont
pu voir en clair l’avant dernier reportage de l’émission "Le
vrai journal" de Karl Zéro du dimanche 20 février 2000 sur
cette attaque ont certainement eu froid dans le dos quand le hacker
reconverti indiquait avec un calme glacial que l’on pouvait mettre
à mal un serveur informatique d’importance en 30 secondes et que
la sécurité sur internet était carrément inexistante. La preuve
nous a été donnée par ce fameux DOS et par la demonstration
en temps réel de ce hacker français qui satura un serveur avec un
programme de 15 lignes sur un simple PC dans sa petite chambre d’étudiant.
Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que non seulement même
les plus grands sites sont relavitement démunis face à ces attaques,
mais pis encore, les hackers commencent à penser à assurer leurs
avenirs. Ainsi, ils commencent déjà à monnayer leurs services, du
genre "si tu veux revoir ton site vivant, embauches-moi".
Aux dernières nouvelles, ces hackers surfent toujours...
De
plus quand j’apprends que Windows 2000 avec ses 63000 bogues et
ses 30 millions de lignes va constituer le fer de lance de la cyber-économie
version Microsoft, que son prédécesseur était jugé trop peu fiable
de l’avis même de Microsoft, que Hotmail rachetée par Microsoft
utilisait toujours un système d’opération concurrent de Microsoft
pour servir ses dizaines de millions de clients et que Windows NT4
n’est toujours pas approuvé par le Département américain de la défense
comme un système sûr, mon inquiétude grandit et j’ai plus l’impression
d’avoir assisté la semaine dernière à une grand-messe à la gloire
d’une multinationale qu’au lancement d’un produit novateur. Dois-je
encore une fois rappeler les dires de M. Ravaux, "Development
Manager" pour la région Océan indien qui déclarait à un de
vos confrères que Microsoft n’avait nullement l’intention d’embaucher
des locaux comme programmeurs. Pourquoi? Je vous laisse deviner.
En passant, le procès de Microsoft a commencé il y a quelques jours
et d’après les dernières nouvelles, l’option la plus probable serait
la division de Microsoft en plusieurs entités différentes. Affaire
à suivre donc.
L’autre
géant de l’informatique, Intel, le célèbre fondeur de silicon passe
aussi par des moments difficiles en ce moment. Si ses démélés avec
la justice fédérale ne sont pas à l‘agenda, en revanche, le mal
qu’il éprouve à rattraper son unique concurrent, AMD, commence sérieusement
à inquiéter ses actionnaires, la pénurie monstre de microprocesseurs
Intel que subit actuellement les assembleurs a jeté dans les bras
d’AMD nombres de fidèles d’Intel, le dernier en date étant Gateway.
Le seul des 10 premiers constructeurs mondiaux faisant de la résistance
n’est autre que Dell, numéro un mondial. Mais il est à parier que
cela risque de changer avec l’avènement prochaine des nouveaux microprocesseurs
d’AMD.
Le
mot de la fin sera en forme d’une anecdote. Lors de ma visite chez
un de mes amis, je fus surpris de voir fonctionner un logiciel de
lecture MP3 tout nouveau et somme toute bien conçu. En le refermant,
je fus stupéfait de voir l’origine du produit: les îles Maldives
qui sont plus reconnues pour leurs plages que pour leur talent de
programmation. Si eux peuvent le faire pourquoi pas nous!
1:
Service pack: "Patch" qu’on ajoute au logiciel
(dans ce cas précis, Windows 2000) pour le débarrasser de ses bogues
et malheureusement souvent en introduisant d’autres (d’où les 6
services packs)
|